L'Illusionniste - Sylvain Chomet

Publié le par Marguerite

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/77/64/95/19452951.jpgL’Illusionniste, le nouveau dessin-animé de Sylvain Chomet a ouvert, lundi, la 34e édition du Festival du film d’animation d’Annecy qui fête cette année son 50e anniversaire.

Le film sort en salles ce mercredi 16 juin 2010. 

Après Les Triplettes de Belleville, le réalisateur s'est emparé d'un scénario inédit de Jacques Tati et l'a adapté en long-métrage d'animation. Le personnage principal, à la silhouette de M. Hulot, est un prestidigitateur que l'arrivée du rock'n roll, à la fin des années 50, chasse progressivement des salles de spectacle. 

L'illusionniste, c'est Jacques Tati lui-même, sa démarche dégingandée, son menton en avant et ses yeux de chouette égarée. C'est aussi un style vieillot, à l'ancienne, un peu désuet. Un magicien d'un autre temps. Un cinéma qui n'existe plus mais auquel Sylvain Chomet rend sa place. Presque un film muet, L'Illusionniste ne comporte aucun dialogue, mais de rares échanges plus proches des onomatopées ou des interjections que de la conversation. Comme pour justification, le réalisateur situe son héros à l'Étranger. Et l'obstacle de la langue devient prétexte à se taire. 

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/77/64/95/19417464.jpgÀ la fois nostalgique, drôle, glauque et triste, l'histoire entraîne le spectateur jusqu'en Écosse, dont le réalisateur (qui y a établi ses studios) dessine les paysages avec grâce et fragilité. Surplombant la baie, le personnage est monté en haut d'une falaise accompagné d'un ivrogne pour voir la mer. Juste après, son compagnon se laisse rouler dans l'herbe pour redescendre. La végétation imprime la trace de son corps allongé et fait sentir le vent qui relève les brindilles une à une. Comme l'écume qui va et vient sur le sable mouillé. 

On rit doucement devant le kilt de l'Écossais que le vent soulève, la préciosité des jeunes rockers, l'hystérie de leurs fans. On sourit devant Alice, la petite jeune fille que le magicien prend, plus ou moins malgré lui, sous sa coupe. Cendrillon de taverne, elle rêve de belles robes. Avec lui, elle se met à croire à la magie, sans s'apercevoir qu'il est obligé de se saigner pour lui faire plaisir. Et soudain, on n'a plus envie de sourire. On pense - même si on sait qu'on ne devrait pas - à la Gigi interprétée par Leslie Caron dans le film de Vincente Minelli. Sauf qu'ici, c'est pour l'homme qu'on s'inquiète. 

Le film est lent, à la cadence de la démarche maladroite du personnage principal, assez proche d'Edgar, le majordome des Aristochats (le Disney préféré de Marguerite), dont le graphisme n'est pas très éloigné de celui de Chomet. C'est ce graphisme qui fait avant tout la grande qualité du film. Chomet vient de la BD et ça se voit. On feuillette presque les pages d'un album. On n'est pas loin du dessin qui sent le coup de crayon qu'on n'a pas cherché à gommer, à lisser. 

La chanson du générique emporte le spectateur, interprétée par Trenet, Barbara, Montand, Piaf, Brel, Gainsbourg et les autres, avec la complicité de Didier Gustin. 

Marguerite ne peut pas s'empêcher de penser que L'Illusionniste est avant tout un film sur le cinéma. Le magicien chassé par le rock'n roll, c'est aussi la 2D chassée par la 3D... Le cinéma de Tati a disparu, comme, avant lui, le muet, et sans doute comme la 2D un de ces jours. 

Un voyage dans le temps. 

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